Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/87

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Il avait cessé d’observer le baromètre pendant une demi-heure peut-être. L’aérostat avait continué à embarquer du givre, la descente s’était accentuée, et le choc s’était produit au niveau même de la banquise. Sans la béquille de protection dressée sous la nacelle, les deux hélices en touchant eussent été brisées comme verre.

Christiane suivait attentivement le regard de son fiancé. Elle le vit passer l’examen des câbles de suspension, embrayer et débrayer les hélices et lorsqu’elle l’entendit déclarer à mi-voix : « Deux câbles rompus seulement », elle respira à son tour, car, en elle aussi, la conscience se faisait accusatrice.

— La faute est à moi seule, Georges, murmura-t-elle.

Il secoua doucement la tête, et le regard d’infinie tendresse qu’ils échangèrent, nuancé d’un sourire complice, voulait dire :

« Nous sommes seuls à le savoir » !

Cependant, l’Américain monologuait bruyamment :

— Voilà l’aléa dont vous parliez, commandant… et nous nous en tirons à bon compte… Mais, dites-moi, une hauteur supérieure à 500 mètres ne peut être qu’une terre, île ou continent… et une terre nouvelle… Aucun doute là-dessus.

Il appuya sur ces mots « terre nouvelle » avec une satisfaction où perçait tout son appétit d’anglo-saxon.

— Il faut donc la noter soigneusement sur nos cartes, commandant.