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Praline, qui venait de finir une pipe, s’écarta du plateau qu’elle partageait avec Urcel et, tout en enfonçant dans les coussins son corps court et tassé, elle regarda le feu doux qui brûlait dans la petite cheminée de stuc.

Les murs étaient nus, les meubles, peu nombreux, étaient formés de quelques lignes rudimentaires. On aurait pu se croire dans une pièce de débarras peuplée de caisses d’emballage. Quelques lampes basses. Quand elle recevait des profanes, elle faisait disparaître pipes et plateaux dans un coffre sur lequel ils s’asseyaient, vaguement effrayés, vaguement attirés par le relent qui flottait dans l’air. Les initiés les regardaient du coin de l’œil et attendaient leur départ.

— Je ne vous pose pas de questions intimes, reprit Praline, mais enfin quoi ? Vous resterez à Paris ? Vous retournerez à New York ?

— Il faudrait retourner à New York.

— Besoin d’argent, mon petit Alain ?

Quand Praline devenait méchante, elle essayait, en rendant sa voix plus caressante, de se donner le change.

— Dame.

Praline haussa les épaules. Encore un trait qui l’agaçait chez Alain. Pourquoi n’avait-il pas fait promptement et franchement les gestes qui lui auraient assuré sa part des biens de ce monde ? Débrouillarde, elle aimait les gens débrouillards. La drogue ne l’empêchait pas de