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Réveil. Le plomb qui, à trois heures du matin, a scellé ses paupières et ses membres, se dissout en nappes pesantes. Mais tout de suite une idée de délivrance point et agit dans son corps : je suis entré décidément dans la zone de mort.

J’ai le temps d’ailleurs. Mais il regarde sur sa table les billets de banque froissés ; il ne se sent pas de goût à dépenser encore tout ça. Quant à la seringue, là, sur la table de nuit, c’est usé, usé. Enfin, on peut rester dans son lit. Mais Alain n’a jamais aimé son lit. Pas assez jouisseur, pas assez sensuel.

Il se fait servir du thé, il dit un mot gentil à la femme de chambre qui n’est pas jolie, qui est bien sale. Il lui dit qu’il ne se lèvera que pour déjeuner : il est onze heures.

Peu à peu il se réveille, il se dégage des vapeurs de la nuit, il se lève. Quelle mine ! Toutes les choses sont bien rangées partout, dans le cabinet de toilette comme dans la chambre.