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— Des affaires. J’ai des idées.

Malgré la crainte qu’il eût de décourager Alain, Dubourg continua à parler franc, en vue de faire un horizon net.

— Écoute. De deux choses l’une. Veux-tu la liberté ou l’argent ? Si tu veux l’argent, il faut recommencer ta vie, entrer à deux mille francs par mois dans une affaire et y faire ton chemin. Sinon, remets-toi avec Dorothy et vous vivrez des cent mille francs de rentes qui doivent lui rester. Vous aurez un petit appartement comme celui-ci, vous verrez quelques amis et tu retrouveras ta fantaisie que tu as un peu oubliée depuis deux ou trois ans.

Alain fit la grimace. Dubourg s’étonna, puis s’exaspéra. Autour de quoi tout le désespoir d’Alain tournait-il donc ?

— Alain, si tu avais épousé cinq cent mille francs de rentes, tu serais content ?

Une lueur de suicide passa dans l’œil d’Alain. Aussitôt Dubourg se désola. Il voulut encore reprendre son effort pour entrer dans la peau de son ami, saisir sa secrète raison d’être et la caresser pour qu’elle s’épanouit.

— Écoute, Alain, Dorothy est une femme charmante et tu es l’être le plus aimable qu’il y ait au monde : ‬faites la grâce à vos contemporains de vous remettre ensemble. Tu es fait pour être tendrement servi par une jolie femme. Qu’il y ait quelques êtres qui échappent à cette horrible pression du travail.