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LES LIVRES A CLEF

plus souvent. Le frontispice est « à la Sphère portée par une main », cependant l’édition n’est pas elzévirienne ; on en connaît une autre avec la même date, sous le titre de « La Belle Turque. »

Cette historiette écrite avec assez de gaîté est encore réimprimée au tome second des « Histoires tragiques et galantes » (1710 et 1715, 3 vol. in-12). Elle a pour auteur Gabriel de Brémond, qui y a retracé l’histoire secrète des amours de Charles II, roi d’Angleterre, avec la duchesse de Cleveland. Voici la clef de cette petite production, telle que l’a donnée Ch. Nodier, dans ses « Mélanges » tirés d’une petite bibliothèque (p. 95-96), mais avec les noms corrigés :

Le Roy de Tamaraii, — le roi d’Angleterre, Charles II ; Hattigé, — la duchesse de Gejlande (Cleveland) ; Rajep, — M. de Chasuelles, amant de la duchesse ; Zara, — confidente de la duchesse ; Osman, — le duc de Bouquaincan (Buckingham) ; Moharen, — mylord Candish ; Roukia, — lady Candish, sa femme. Ajoutons que ce livre ne peut être considéré comme anonyme, car l’auteur a signé la dédicace.

HEPTAMERON (L’) DES NOUVELLES de très illustre et très excellente princesse Margiten’fe de Valois, royne de Navarre, remis en son vray ordre, etc. Dédié à Jeanne de Foix, royne de Navarre, par Claude Gruget. Paris, Benoist Prévost (ou Caveillier, ou V. Sertenas ? ) 1559, in-4de2i2ff., plus 2 ff. non chiffrés.

Telle est la seconde édition de ces célèbres nouvelles ; la première avait paru sous le titre suivant :

Histoire des Amans fortunez, dédiée à l’illustre princesse Madame Marguerite de Bourbon, duchesse de Nivernois, par Pierre Boaistuau dit Laimay. — Paris, G. Gilles, 1558, in-4 de XIX et 184 ff.

On compte plus de trente éditions de cet ouvrage ; quelques-unes sont intitulées Contes et nouvelles DE Marguerite de Valois, reine de Navarre, etc. La meilleure peutêtre est celle donnée par M. P. Lacroix, en 1858 (Paris, A. Delahays, in-12 de XXXVIII —436 pp.).

Entre autres choses intéressantes, le savant bibliophile Jacob, dans son excellente introduction, nous apprend que les interlocuteurs qui racontent, chacun à leur tour, une ou plusieurs des soixante-douze nouvelles du recueil, ne sont point des personnages imaginaires. Ainsi, s’aidant d’ailleurs des précédentes recherches de M. Leroux de Lincy, M. P. Lacroix n’hésite point à faire connaître que Dame Oisille (ou Osyle, anagramme de Loyse), c’est la mère de Marguerite, la régente Louise de Savoie. ; Parlamente, c’est la reine Marguerite elle-même ; Hircan (Hircanus, Hircus), c’est son mari Henri d’Albret, roi de Navarre, représenté comme un homme brutal, sensuel et gvo ?, sier.Ennasuitte (ou Emarsuite, suivant certames copies), doit être Anne de Vivonne, veuve du baron de Bourdeille et mère de Brantôme ; Dagoucin serait un certain comte d’Agoust ; et Nomerfide représenterait P’rançoise de Foix, si connue sous le nom de la belle comtesse de Chateaubriand. Quanta Saffrcdent, Simontautf Geburon, Longarine, M. P. Lacroix ne désespère pas de retrouver leurs noms véritables, lorsque l’on possédera les