Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ouvriers des champs ou des villes, il est tranquille sur une terre où il n’y a que des Français comme lui. Paysan, il danse le soir aux musettes, il chante ces belles rondes des aïeux dont un lointain écho parfois nous ravit dans une province reculée. Artisan, il a ses corportions fraternelles, ses confréries, où l’on se réunit afin de prier pour les compagnons morts ou pour entendre la messe avant d’aller souper ensemble le jour où l’on reçoit un maître. On aime ce travail qu’on a le loisir de bien faire, et qu’on relève par cette jolie préoccupation d’art qui nous enchante dans les moindres débris du passé. La milice, qui prend dix mille hommes par an et ceux uniquement qui ont le goût du régiment, ne pèse pas bien lourdement sur le pays ; et c’est gaiement que le village conduit jusqu’à la ville prochaine le soldat des armées du roi.

Regardez maintenant ce paria de nos grandes cités industrielles, courbé sous un labeur dévorant, usé avant l’âge pour enrichir ses maîtres, abruti par l’ivresse malsaine : il est redevenu ce qu’était l’esclave antique, selon Aristote, un instrument vivant, emphukon organon.

Il faut chauffer cette machine humaine ; il faut que ce damné de la vie, auquel les journaux juifs ont enseigné qu’il n’y a plus de ciel, s’arrache un instant à l’affreuse réalité qui lui pèse. On a inventé l’alcool. Plus de ces bons vins frais qui quelquefois montaient à la tête, mais dont la légère ivresse s’envolait dans une chanson ; à leur place, d’horribles mélanges de vitriol et d’acide acétique, qui donnent le delirium tremens au bout de quelques années, mais qui sur le moment galvanisent un peu l’organisme endormi.

N’importe ! l’envoûtement tient toujours. Écoutez ce malheureux, couché ivre dans la rue, qui se relève pé-