Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/208

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nos victoires et les images de nos héros : le tombeau de Marceau, les statues de Fabert, de Kléber, de Rapp. Il y a des choses que les Aryens ne font pas eux-mêmes ; mais ces choses-là, parfois ils les font faire par des Sémites, comme pour prouver que ceux-ci peuvent être utiles à l’occasion[1].

Qu’elle est émouvante, cette scène du 16 mai sur la place Vendôme I Cette émotion vague qui agite une foule assemblée, fait attendre des événements imprévus. On dit dans les groupes que les invalides vont venir se ranger au pied de la Colonne pour la défendre. Mais rien ne se montre. L’heure a sonné. On attend le signal. Qui le donnera ? Grâce à Dieu, ce n’est pas un Français : c’est un Juif : c’est Simon Mayer.

Écoutez Maxime Du Camp[2] :


Tout à coup un homme parut sur le couronnement, agita un drapeau tricolore et le lança dans l’espace, afin de bien indiquer que tout ce qui avait été la Révolution française, le premier Empire, la royauté de Louis-Philippe, la seconde République, le second Empire, disparaissait de l’histoire et allait faire place à l'ère nouvelle symbolisée par la loque couleur de sang que l’on appelle le drapeau rouge.

L’homme qui eut l’honneur de jeter au vent les couleurs de la France, était digne de cette mission : il s’appelait Simon Mayer. Le 18 mars, il s’était noblement conduit à Montmartre. Capitaine au 169e bataillon, que commandait Garcin, en remplacement du chef élu, qui était Blanqui, alors incarcéré ou en fuite, ce Simon Mayer avait héroïquement aidé à l’assassinat du général Lecomte et de Clément Thomas. Cette belle action trouvait sa plus douce récompense à cette heure, sous le soleil, en présence des membres de la Commune attentifs et charmés.

  1. Les officiers prussiens assistèrent à la chute de la Colonne, du balcon du ministère des Finances.
  2. Les Convulsions de Paris, tome II, pages 287-288.