Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/221

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Qu’elle est touchante et qu’elle est grande, cette généreuse et chère Alsace, qui a payé pour la France tout entière ! Quel cœur ne se sentirait remué en pensant à cette noble province que la guerre a séparée de nous ! Gloire à celle-là qui, silencieuse et digne, se penche sur ses houblonnières pour cacher ses larmes, et, quand elle relève la tête, interroge tristement l’horizon pour y chercher ce qui fut la Patrie !

Gloire à celle-là ! mais honte à l’Alsace théâtrale qui s’est mise aux gages des saltimbanques, intrigante et quémandeuse qui déshonore la plus auguste infortune que jamais la terre ait contemplée !

L’une se recueille et prie ; l’autre bat la caisse avec son deuil, vit de l’annexion comme le Savoyard vivait de sa marmotte, organise des représentations et des tombolas bruyantes.

L’une a donné Kléber, Kellermann, Rapp à la France ; l’autre se personnifie dans le type grotesque qu’on appelle là-bas le Schmuler : elle a donné des Kœchlin-Schwartz, des Scheurer-Kestner, des Risler.

L’une doit être respectée et baisée au front comme une mère persécutée ; l’autre, avec son éternel nœud dans les cheveux, doit être traitée comme une fille de brasserie éhontée qui salit dans la débauche un costume qui devrait être sacré désormais.

Les envahisseurs ne se contentèrent pas seulement d’être Alsaciens ; ils furent Alsaciens-Lorrains : ils eurent deux noms, comme on a deux mains, pour prendre davantage.

L’admirable solidarité des Juifs entre eux, leur esprit d’intrigue, permirent aux nouveaux venus de se débarrasser rapidement de tout ce qui, dans le petit commerce ou là moyenne industrie, était encore de tempérament français, avait gardé le bon sens et le juge-