Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/263

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jouissent, sans aucun remords, du résultat du vol de leurs grands-pères, et en font parfois un très louable usage. Un monsieur qui posséderait cinq cent mille livres de rente en terres provenant de l’achat de Biens nationaux, serait infiniment mieux reçu dans le faubourg Saint-Germain qu’un monsieur dont l’aîeul aurait refusé d’acheter de ces biens, et qui, tout en appartenant à une famille sans tache, n’aurait que vingt-cinq centimes dans sa poche.

Il s’agit donc de savoir, non pas tant si les ouvriers ont raison de se proposer ce but, que de voir s’ils ont chance de l’atteindre dans les conditions actuelles. Je suis convaincu, pour ma part, qu’ils ne réussiront pas ; ils mettront très facilement la main sur Paris, mais ils ne pourront se saisir de la France.

Les difficultés qui arrêteront les ouvriers, ne sont pas par elles-mêmes très considérables, mais elles suffiront à faire échouer leur entreprise.

En 1792, les paysans étaient sur le sol ; ils n’ont fait qu’en prendre possession d’une manière définitive, et comme le blé, le vin, les fourrages, sont des productions de première nécessité, ils n’ont eu qu’à continuer ce qu’ils faisaient auparavant, en devenant simplement de fermiers propriétaires.

Les ouvriers sont également dans l’usine. Ils comptent, dès à présent, parmi eux, des hommes assez intelligents, des contre-maîtres assez habiles pour faire tout fonctionner, de façon à ce que la disparition du patron ne s’aperçoive même pas.

Malheureusement pour eux, une révolution comme celle-là arrêtera net toutes les fabriques ; et, dans cet intervalle, la bourgeoisie se ralliera, trouvera un général qui noiera dans le sang la révolution prolétarienne.