Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/279

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toyée d’abord, puis posée, prônée, glorifiée, idéalisée, apothéosée.

Les Juifs, grâce à leurs journaux, nous firent sentir de même les lauriers de Gambetta. Ils prirent cet homme, qui n’avait commis que des sottises et des actes malhonnêtes pendant la guerre, qui avait fumé des cigares exquis tandis que les autres se battaient, qui s’était enfui lâchement au moment de rendre ses comptes, et nous le présentèrent, nous l’imposèrent comme l’archétype du patriote, le héros de la Défense, l’espoir de la Revanche.

Cela se produisit en plein jour, en plein soleil, en pleine liberté de la presse, sans aucune de ces circonstances de mystère et de lointain qui aident à grandir une personnalité qu’on ne voit pas.

Qui a été dupe de ces manœuvres ? me direz-vous. Tout le monde et vous-même. La France, crédule, amoureuse de fictions, se laissa aller à en faire comme le héros de son roman. Qui sait si cet homme ne gardait pas au plus profond de son cœur l’amertume secrète de la défaite ?

Nous avons tous été, dans une certaine mesure, les complices involontaires de ce comédien. Chacun s’imaginait être dans le secret de Brutus, qui contrefaisait l’énergumène pour mieux tromper les regards jaloux ; de cet obstiné couveur de revanche, qui, bien avant dans la nuit, disait-on, s’entretenait tour à tour avec de vieux généraux et de jeunes colonels. Chacun attendait le moment où, réunissant toute la France dans un élan irrésistible, poussant Charette dans les bras des communards, jetant les prêtres dans les bras des libres penseurs, mêlant les soldats de Bazaine aux compagnons de Faidherbe, il s’écrierait : « Le moment est venu ! nos coffres sont pleins d’argent, nos arse-