Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/282

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ment de Besançon. Tout cela tripotait, spéculait, agiotait, dénonçait, adulait ; tout cela avait pour commune devise le mot des Narcisse et des Pallas : Hoc agamus ne quis quidquam haheat !

Néron avait ses Augustiani, qui, moyennant un traitement de vingt-cinq mille sesterces, accompagnaient partout le divin Empereur pour battre frénétiquement des mains dans tous les théâtres où il faisait entendre sa voix sans égale, et pour dénoncer les méchants, coupables d’avoir baillé au spectacle ou de ne pas avoir assisté à un sacrifice offert pour le chanteur enrhumé. Gambetta avait ses jeunes Juifs qui frissonnaient d’admiration à chaque parole du maître ; ils entonnaient ses louanges en chœur dans un baragouin confus, où le tudesque se mêlait au castillan, où le patois levantin fraternisait avec l’argot de la petite Bourse du boulevard.

Ce coin d’empire juif, apparaissant tout à coup en pleine France, sera l’émerveillement de l’avenir, qui ne reverra rien d’aussi extraordinaire d’ici à bien longtemps. Sans doute, tous ces cortigiani procédaient de certains personnages de Balzac : ils se rattachaient aux Andoche Finot, aux Werbrust, aux du Tillet, ces cormorans que l’auteur de la Comédie humaine nous montre « éclos dans l’écume de l’océan parisien. »

Tout ce petit groupe haineux et avide crut vraiment, à un moment donné, que la France était conquise.

Les excursions dans les départements rappelèrent le célèbre voyage en Achaïe que Néron entreprit, lorsqu’il jugea Rome indigne de l’applaudir.

Après Cahors, ce fut Lisieux. Partout des scènes d’une indescriptible gaieté signalent ces pérégrinations : les estrades s’écroulent, les orateurs roulent les uns sur les autres ; la clique claque, on claque la