Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une route et emmené dans quelque château fort pour y distraire d’abord le maître, puis les varlets et les enfants des varlets : cela vous donnera un aperçu de ce que devint le Juif Gambetta entre les mains de Rochefort. Chaque matin il servait à un divertissement nouveau : tantôt on lui tirait les cheveux, tantôt on lui arrachait la barbe ; un jour sa tête était transformée en tête de Turc, et le lendemain le rédacteur en chef de l’Intransigeant essayait autre part la force de son pied.

Un autre que Gambetta aurait préféré un duel à mort à tous ces outrages ; lui, endura tout, mais sans en être plus content. De ceci il souffrait relativement peu, quoiqu’il eût d’effroyables fureurs, non pas au point de vue de l’honneur, auquel il était insensible, mais au point de vue du dommage causé. Mais c’était la domesticité qu’il fallait voir ! Ce petit monde né de cabotins ou d’usuriers, et conséquemment très respectueux, non de ce qui est digne de toutes les vénérations : la vertu, la gloire, le génie, mais de la situation acquise, de l’argent possédé, avait des colères blanches en pensant qu’un simple écrivain pouvait parler ainsi d’un homme qui avait fait le coup de Bône à Guelma et le coup de la Conversion.

Quant aux Chrétiens, aux Français autochtones, ils devraient avouer, s’ils étaient sincères, qu’ils ont dû à ce mécréant de Rochefort les seules satisfactions qu’ils eussent ressenties depuis de longues années. Une loi mystérieuse avait voulu que cet homme, par le seul fait qu’il était de race française, vengeât sur l’étranger ces pauvres religieux qui n’avaient pas d’ongles pour se défendre.

Que de fois, ouvriers et hommes du monde, réconciliés par le même sentiment de mépris, ont échangé un