Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/394

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Meyer[1]. Le nom de Meyer figure parmi l’assistance d’élite qui se pressait au bal du 18 avril 1884, au milieu de beaucoup de Hirsch, dont les uns se prénomment Maurice et les autres Théodore. Fortement frappé, sans doute, de se voir là, Meyer déclare que ce bal est un des grands événements du siècle.

Si vous voulez voir combien la destinée d’un journaliste chrétien est différente de celle d’un journaliste juif, regardez les hommes qui entourent Meyer.

Allez au Gaulois, vous trouverez, à côté du Meyer blafard, un beau cavalier, un gentilhomme béarnais, qui a ressemblé un peu à Henri IV. Brave, non point seulement en duel, mais dans la rue, — il l’a prouvé lors de la manifestation de la place Vendôme, — M. de Pêne est resté, malgré une production incessante, un écrivain de race ; parmi les milliers d’articles qu’il a improvisés, il n’en est pas un seul qui n’ait un trait, une phrase où se révèle l’artiste qui sait bien tenir sa plume. A quoi cela lui a-t-il servi ? Il est maintenant effacé derrière le petit circoncis qu’il a chaperonné dans le monde ; il n’a pu arriver à garder un journal à lui.

Prenez, si vous voulez encore, Cornély. J’en puis parler en toute indépendance, car je n’ai jamais eu ni à m’en plaindre ni à m’en louer. Il savait certainement que j’aurais eu plaisir à défendre mes idées chez lui ;

  1. Pour comprendre ce qu’une pareille association a de significatif, au point de vue des mœurs d’une époque, il faut lire le Druide, un roman à clef, de la comtesse de Martel, qui nous initie à ce qui se passe dans l’intérieur du Gaulois. Il y a de tout là-dedans : la tentative d’assassinat par le vitriol, le proxénétisme, le chantage. Nous apprenons là que c’est une fille, ancienne actrice aux Variétés, qui rédige le courrier mondain et enseigne aux femmes du faubourg Saint-Germain comment il faut se tenir à l’église. Voilà où en est arrivée une certaine aristocratie, l’aristocratie du plaisir !