Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/420

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donner des représentations à l’étranger. Ce puffisme parisien, ces allures garçonnières ne sont pas des objets d’exportation. En Russie, le czar et la czarine refusèrent, avec une énergie qui se comprend, de recevoir la veuve du révolutionnaire qui avait contribué à jeter sa patrie dans le désordre et l’anarchie. Lors de son voyage à Vienne, au mois de mars 1884, Mme Adam trouva la plupart des portes fermées ; de toute l’aristocratie autrichienne, qu’elle s’imaginait, sans doute, prête à lui ouvrir les bras, elle ne put voir que les Rothschild, chez lesquels elle dîna. L’ambassade de France, qui s’était ouverte toute grande à Wolff en 1870, fut hospitalière à la voyageuse. Mme Adam s’assit à la table de Foucher de Careil, « seul candidat décoré de la main de l’Empereur », qui, avant la guerre, allait de journaux en journaux nous apporter des petites réclames sur ses conférences au boulevard des Capucines. Ce souvenir m’est resté : car à la Liberté, c’était à moi, en qualité de nouveau, qu’était réservée la corvée, de recevoir ce fâcheux périodique, qui revenait avec la régularité d’une épidémie, et que les garçons connaissaient à son pas.

L’accueil sembla mince à la directrice de la Nouvelle Revue, et le Gaulois d’Arthur Meyer s’en montra justement froissé. Que voulez-vous ? Bismarck et Mme Adam sont au plus mal, nul ne l’ignore. L’Autriche a obéi au « mot d’ordre de Berlin ». Elle a organisé autour de Mme Adam — l'ennemie de Bismarck — la conspiration du silence. On s’est bien gardé de parler de l’auteur de « Grecque et de Païenne », de peur de mécontenter le vindicatif Chancelier[1].

  1. Gaulois, du 9 avril 1884.