Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/451

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Les races déclinent, les fils les plus robustes de la province sont vite usés dans ce Paris qui corrompt et qui épuise. Les Parisiens naissent vieux, ne se soutiennent que par une force nerveuse qui doit incessamment se retremper dans l’alcool.

On s’enfonce certains breuvages dans le corps, comme on s’enfoncerait à demi un poignard dans la peau, pour avoir un chatouillement aigu, une sensation âpre et violente, qui remue, stimule et secoue. Les femmes, les faibles, les maladifs, se piquent le bras à la morphine ; les travailleurs se piquent le nez à l’alcool ; et tous deux éprouvent réellement un bien-être passager, une accélération de mouvement, une détente en même temps.

Ce qui est terrible, c’est que ce n’est ni du vin ni de l’eau-de-vie que l’on vend au prolétaire ; c’est un mélange sans nom, un poison véritable.

Les meurtres de plus en plus nombreux, les maisons de fous pleines, les suicides qui augmentent sans cesse, attestent les effrayants ravages que produisent ces breuvages dans lesquels, à part l’eau, n’entre aucun élément qui ne soit funeste à la santé.

Les rois chrétiens avaient fait de cette question l’objet de leur plus constante sollicitude. Écoutez Louis Blanc lui-même, dont on ne récusera pas le témoignage.

Mêlées à la religion, écrit-il, les corporations du Moyen Age y avaient puisé l’amour des choses religieuses ; mais protéger les faibles était une des préoccupations les plus chères au législateur chrétien. Il recommande la probité aux mesureurs ; il défend au tavernier de hausser jamais le prix du gros vin, comme boisson du peuple ; il veut que les denrées se montrent en plein marché, qu’elles soient bonnes et loyales, et, afin que le pauvre puisse avoir sa vie au meilleur prix, les marchands n’auront, qu’après tous