Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/552

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à contribution, et, quelques jours après, une tentative d’assassinat avait lieu sur l’écrivain redouté. Les assassins étaient des agents de police déguisés en bourgeois. Saint-Elme, dès qu’il fut remis de ses blessures, essaya de demander une explication au préfet[1], qui tenait ses assises au café Solferino, et avait installé là son cabinet. Le préfet le fit assommer à coups de barre de fer par le concierge de la préfecture, aidé par le maître de l’établissement. Pour être sûr que l’attentat réussirait, le procureur de la République avait défendu à cet homme menacé de tous les côtés d’avoir des armes sur lui, et, toutes les fois qu’il savait qu’il devait être attaqué, il le faisait fouiller et désarmer pour qu’il ne pût se défendre.

Le procès du journaliste, longtemps retardé par son état de maladie, fut profondément émouvant. On le transporta à l’audience sur une civière, moribond.

  1. Ce préfet, qui se faisait pompeusement appeler de Trémontels, s’appelait tout simplement André. Avant d’être préfet de la Corse, il avait été préfet de l’Aveyron, et il paraît que dans ce poste il aurait commis de nombreux détournements à l’aide de mandats fictifs. C’est du moins ce qu’affirma le fonctionnaire qui lui succéda dans l’Aveyron, M. Démangeât, dans une lettre adressée à la Nouvelle Presse et publiée par elle le 12 novembre 1884 : « Je refusai à maintes reprises, dit M. Démangeât, et malgré de nombreuses lettres de rappel de M. Leguay, directeur des affaires départementales, qui connaissait le dossier, de justifier des comptes injustifiables. »
      Il est vrai que, dans la discussion d’une interpellation qui eut lieu à la Chambre, le 10 novembre 1884, à propos de la révocation du même Démangeât comme inspecteur général des prisons, Asmodée Laroze, sous-secrélaire d’État à l’intérieur, fit planer des doutes sur la probité de ce dernier, qui fut réintégré dans l’administration sous le ministère Brisson.
      Waldeck-Rousseau avait déclaré solennellement à la Chambre, qu’il avait mis M. de Trémontels en demeure de faire un procès devant le jury, pour se laver complètement. Trémontels a craint des révélations écrasantes, et l’affaire en est restée là.