Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/152

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que ceux du Honduras, des Galions de Vigo, ou des Bons ottomans, ils avaient tiré de la poche des pauvres, des bas de laine, des paillasses, l’épargne touchante, l’épargne sainte que la vieille femme enveloppait dans un papier de soie et montrait, avec un sourire fier, au mari qui craignait de ne plus pouvoir travailler. Sur ces dépouilles conquises par le fourbe sur le naïf ils avaient acheté des châteaux historiques, des demeures illustres où les grands hommes d’autrefois, à l’heure de la retraite, s’étaient reposés après avoir servi leur pays. Les membres dégénérés de l’aristocratie s’étaient abaissés à venir admirer ces tortils de baron et ces écussons de contrebande dessinés sur le sable des écuries de Ferrières ou de Beauregard. Ils n’avaient eu qu’un signe à faire aux meneurs de la démocratie franc-maçonnique pour être nommés ministres ou députés, comme Raynal et Bischoffsheim.

Malgré tout, un sentiment de déception leur vint : « Ce n’est donc que cela ? » semblaient-ils dire.

Aux balcons des avant-scènes payées par les malheureux qu’ils ont réduits au suicide, sur la terrasse des châteaux qu’ils ont volés ces triomphants, si peu joyeux, sont assaillis par les pensées arides qui vinrent au Schelemo biblique sur la terrasse de son palais de Beth-yaar-ha-Libanon ou dans les allées de son jardin d’Etham.

L’homme n’a aucun avantage sur la bête et l’un et l’autre ont la même fin, tous deux retournent à la poussière.

Un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort.

Le meilleur bien pour l’homme c’est de manger, de boire, et de jouir.

Ainsi parle dans l’Ecclésiaste, le Kohelet, fidèle interprète de la morale saducéenne.