Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/176

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difficultés vaincues, les acrostiches. Abraham Bedersi, auteur de l’Épée flamboyante et de plusieurs petits poèmes qui ont été réunis sous le titre du Divan, avait composé la Pétition des lamed, ainsi désignée parce que dans toute la pièce ne figurait pas une seule des lettres qui dans l’alphabet sont au-delà de L, et que, de plus chaque mot de la pièce renfermait cette dernière lettre.

Sans tomber dans la subtilité, on peut rattacher cette sorte de puérilité dans l’effet et d’indigence dans l’inspiration à l’importance qu’ont pris les mots aux dépens de l’idée, à la stérilité prétentieuse qui règne partout depuis que les Juifs sont les maîtres de notre littérature.

On voit qu’il n’y a rien là qui ait beaucoup avancé l’histoire de la civilisation. Nous sommes loin du large souffle des chansons de gestes, des improvisations pleines de couleur et de naïveté des Trouvères et des Ménestrels, loin de Jean Bodel et de Rutebœuf. Si on les eût laissé faire, les Juifs nous auraient peut-être donné l’opérette quelques siècles plus tôt, c’est tout ce qu’on peut dire de plus élogieux sur leur littérature.


Les jours de l’opérette n’étaient pas encore arrivés, c’est la tragédie qui allait tomber sur tous ces aimables poètes.

C’est par le Midi, où ils paraissaient le plus solidement installés, que commença le malheur des Juifs.

Disons tout d’abord, en remontant un peu en arrière, que l’exemple d’une partie de leurs coreligionnaires chassés d’Espagne et obligés de chercher un asile dans les florissantes juiveries de Toulouse et de Narbonne aurait dû les rendre prudents.

Au XIe siècle, les Juifs étaient tout-puissants en Espagne. Un des leurs, rabbi Samuel Ha Lévi, marchand épicier, se