Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/216

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je réunirais les plus instruits et les meilleurs d’entre eux et les menacerais de leur couper la langue au fond du gosier pour leur prouver que la doctrine chrétienne n’enseigne pas un Dieu seulement mais un Dieu en trois personnes[1].

L’œuvre de dissolution de la société chrétienne, entreprise par le protestantisme, fut malgré tout profitable au Juif. Elle fut pour lui l’occasion de s’affranchir, du moins en Allemagne, de cette interdiction de l’usure grâce à laquelle l’Église, avec une maternelle sollicitude, protégea pendant des siècles la fortune de l’Aryen travailleur et naïf contre les convoitises du Sémite astucieux et cupide. Un sermon de l’époque cité par Janssen explique admirablement la situation.

Quels maux ne produit pas l’usure ? Rien n’y fait ! Comme chacun voit que les grands usuriers du commerce deviennent riches en peu de temps, tout le monde veut aussi s’enrichir et tirer un rand profit de son argent. L’artisan, le paysan porte son argent à une société ou à un marchand, ce mal n’existait pas jadis, il n’est devenu général que depuis dix ans. Ils veulent gagner beaucoup et souvent ils perdent tout ce qu’ils avaient.

Le tableau de cette époque de transition, dit M. de Bréda[2], n’est pas moins curieux à étudier par son analogie avec ce qui se passe de nos jours : « On perdait le goût du travail, on cherchait les affaires qui rapportaient beaucoup en donnant peu de peine. Le nombre des boutiques et des cabarets augmentait incroyablement jusque dans les campagnes. Les paysans s’appauvrissaient et se voyaient contraints de vendre leurs biens, les artisans sor-

  1. Von den Judas und ihren Lügen (Wittemberg, 1541).
  2. L’économie politique dans ses rapports avec la loi morale.