Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/238

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vous arriver malheur si vous n’étiez pas protégés, et nous en serions inconsolables.

Israël multiplia en vain, par la suite, les démarches auprès du roi, les Brancas défendirent mordicus le fief qu’ils s’étaient créé. Le brillant duc de Lauraguais, un Brancas toujours, se fit continuer cette redevance et la toucha imperturbablement jusqu’en 1792, il ne lâcha ses protégés malgré eux que devant l’échafaud révolutionnaire.

« Voilà bien des abus dont nous a délivrés 89 ! » s’écrieront les écrivains républicains, et les mêmes écrivains, qui trouvent abominable qu’un descendant de Villars prélève sur des Juifs quelques centaines de louis pour ses menus plaisirs, trouveront très juste qu’à l’aide d’escroqueries financières des Juifs prélèvent des millions sur des chrétiens, qu’un mendiant de la veille soit le riche insolent du lendemain. En toute occasion ceux-là sont pour l’étranger.

Pour moi, je vois différemment. La France devait son salut à l’héroïque soldat de Denain, elle s’acquittait de cette dette envers les neveux de son sauveur, quoi de plus juste ? Tous ces grands seigneurs, d’ailleurs, faisaient honneur à cet argent qu’ils dépensaient de la façon la plus magnifique et la plus large. Les artistes et les lettrés étaient chez eux dans les incomparables demeures de ces patriciens bons garçons. Lauraguais distrayait incessamment Paris par ses aventures, ses amours, ses mots, ses duels, ses brochures, ses épigrammes, ses procès excentriques, les explosions de sa belle humeur de français.

L’opulence n’allait-elle pas mieux à ce grand seigneur de haute mine, à cet amoureux de Sophie Arnould, à ce généreux qui donna la somme nécessaire pour faire disparaître les banquettes qui encombraient la scène, à ce collaborateur de Lavoisier, à ce fantaisiste si original, qu’à ce petit