Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/248

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nière conception artistique de Dumas est de matérialiser à outrance, au lieu de spiritualiser, de donner une forme tangible, palpable, effective à cette préoccupation obstinée de l’or qui hante perpétuellement celui qui a une goutte de sang de Sémite dans les veines. Shakespeare retourne au ciel, Dumas retourne à l’Orient, à Bagdad, l’un, dans l’effort suprême et définitif de son talent, veut saisir le nuage, l’autre veut entasser du métal, beaucoup de métal à la fois et ne trouve rien qui puisse tenter davantage son héroïne que de remuer à pleines mains de l’or, de l’or battant neuf, de l’or vierge. Cela ne fait-il pas songer à la colère qui prit les Athéniens assemblés au théâtre de Bacchus lorsque, dans la pièce d’Euripide, Bellérophon s’écria que l’or devait être adoré ! Le génie aryen se souleva devant ce blasphème, et l’acteur, à moitié lapidé par les spectateurs, dut quitter la scène.


Les Juifs portugais, nous l’avons dit, n’avaient jamais été admis en France comme Juifs, mais comme Nouveaux chrétiens. C’est à titre seulement de chrétiens qu’ils avaient reçu au mois d’août 1550 des lettres patentes qui furent vérifiées à la cour du Parlement et à la Chambre des comptes de Paris, le 22 septembre de la même année et enregistrées seulement en 1574. Le Mémoire des marchands parisiens, qui s’opposèrent en 1767 à l’entrée des Juifs dans les corps de métiers, insiste bien sur cette circonstance.

Il est impossible, dit ce Mémoire, de voir un projet combiné avec plus de finesse et de ruse que celui de l’établissement des Juifs à Bordeaux. Ils se présentèrent d’abord sous une autre qualité que la leur, celle de Nouveaux chrétiens était bien imaginée pour surprendre la religion du roi très chrétien. Henri II leur