Parmi les innombrables Juifs étrangers qui se sont faufilés en France à la suite de la grande poussée de 1789, beaucoup se sont installés sans tambour ni trompette et ont vécu de la vie de tout le monde. Soudain l’occasion s’est présentée, la vieille haine contre le christianisme, assoupie
et un exemplaire des sections des Prophètes, sur la table de bronze sont gravés les
dix commandements.
A côté de l’armoire se trouve un calendrier juif et la liste de tous les
illustres personnages juifs, qui, sans être reconnus pour tels, ont joué un rôle
considérable dans les affaires de l’Espagne.
Au centre, sur une table de marbre noir, s’étalent les philactères, les
taleths, les livres de prières en hébreu.
Une seule tombe apparaît. Obligés de supporter l’humiliation d’être
enterrés dans le cimetière catholique et de subir les prières des prêtres, les
Juifs ont pu soustraire à cette profanation le corps de leur rabbin, et ils l’ont
enterré là. A la mort de chaque membre de la communauté, on vient déposer
une petite pierre près de la tombe vénérée.
L’étranger et l’Espagnol s’entretiennent longtemps dans ce sanctuaire de
leurs communes espérances, puis par un soupirail on aperçoit le jour qui
pointe, voici l’heure de la prière du matin, « Il ne faut pas quitter la
synagogue sans avoir élevé nos cœurs vers le Dieu de nos pères. »
La cloche d’un couvent voisin jette dans l’air ses notes argentines et
claires. Un léger mouvement se fait dans la maison : C’est la jeune fille qui
court à l’église, et qui se hâte pour ne point manquer la première messe….
Le voyageur retourne en Espagne, dix ans après, il croit se tromper car
il retrouve un palais à la place où s’élevait jadis l’humble maison de son
coreligionnaire. On se met à table et on récite la prière d’usage à haute voix ;
la jeune fille est ouvertement juive.
Les Juifs, du reste, ont repris presque entièrement possession de
l’Espagne. Dès 1869, M. Jules Lan constatait que la plupart des descendants
des Juifs convertis avaient conservé un hebraïco carazon, ce qu’on
appelle en allemand ein Judischer herz.
Il se livrait à des transports dithyrambiques en rencontrant partout dans
le quartier des grands négociants de Madrid, le Montara, la Calle faen Carral'’ des Berheim, des Mayer, des Levy, des Wesveiller, des
Wertheimher.
Cela suffit à expliquer que l’Espagne se débatte au milieu de crises
révolutionnaires incessantes.
Lors de l’inauguration de la synagogue de Lisbonne, il y a quelques