Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/259

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de l’énergie, on le trouve rarement dans le crime, on le surprend sans cesse dans la friponnerie. Barbare par défiance, il sacrifierait une réputation, une fortune entière pour s’assurer la plus chétive somme.

Sans autre ressource que la ruse, il se fait une ressource de l’art de tromper. L’usure, ce monstre qui ouvre les mains de l’avarice même, pour s’assouvir davantage, qui, dans le silence, dans l’ombre, se déguise sous mille formes, calculant sans cesse les heures, les minutes d’un gain affreux, va partout, épiant les malheureux pour leur porter de perfides secours, ce monstre parait avoir choisi le juif pour agent. Voilà ce que l’inquisition la plus rigoureuse pouvait recueillir sur le peuple juif, et l’on avoue qu’il y a de quoi être effrayé du portrait s’il est fidèle. Il ne l’est que trop ; c’est une vérité dont il faut gémir.

Ce sentiment de répulsion si énergiquement formulé est d’autant plus intéressant que personne, en France surtout, ne paraît se douter de la force réelle du Juif. Voltaire, qui a attaqué surtout l’Ancien Testament en haine du Nouveau, a accablé les Juifs de ses railleries polissonnes, mais il a parlé d’eux comme il parlait de tout sans savoir ce qu’il disait.

La haine de l’auteur de la Pucelle contre Israël était, il faut le reconnaître, inspirée par les mobiles les plus vils et les plus bas. Voltaire fut au XVIIIe siècle, avec le talent, le style et l’esprit en plus, le type parfait de l’opportuniste d’aujourd’hui. Affamé d’argent, il était sans cesse mêlé à toutes les négociations véreuses de son temps. Lorsqu’au moment du centenaire, Gambetta, dans une conférence présidée par le Badois Spuller, vint louer l’ami du roi de Prusse et déclarer qu’il était le père de notre République, il accomplissait véritablement un devoir de piété filiale. Associé aux fournisseurs qui faisaient crever de faim nos soldats et qui les laissaient tout nus, affilié à tous les maltôtiers de son temps, Voltaire, de nos jours, aurait eu Ferrand pour commandi-