Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Monseigneur[1],

« J’envoie à Votre Éminence un petit mémoire de ce que j’ai pu déterrer touchant le juif dont j’ai eu l’honneur de vous parler.

« Si Votre Excellence juge la chose importante, oserais-je vous représenter qu’un Juif n’étant d’aucun pays que de celui où il gagne de l’argent, peut aussi bien trahir le roi pour l’empereur, que l’empereur pour le roi. »

Mémoire touchant Salomon Levi, Salomon Levi

« Salomon Lévi, Juif natif de Metz, fut d’abord employé par M. de Chamillart, il passa chez les ennemis avec la facilité qu’ont les juifs d’être admis et d’être chassés partout. Il eut l’adresse de se faire munitionnaire de l’armée impériale en Italie, il donnait de là tous les avis nécessaires à M. le maréchal de Villeroi, ce qui ne l’empêcha pas d’être pris dans Crémone.

« Depuis, étant dans Vienne, il a eu des correspondances avec le maréchal de Villars. Il eut ordre de M. de Torci, en 1713, de suivre milord Marlborough qui était passé en Allemagne pour empêcher la paix et il rendit un compte exact de ses démarches.

« Il fut envoyé secrètement par M. Leblanc à Pirtz, il y a dix-huit mois, pour une affaire prétendue d’État qui se trouva être une billevesée.

« A l’égard de ses liaisons avec Willar, secrétaire du cabinet de l’empereur, Salomon Levi prétend que Willar ne lui a jamais rien découvert que comme à un homme attaché aux intérêts de l’Empire, comme étant frère d’un autre Levi employé en Lorraine lettrés connu.

« Cependant il n’est pas vraisemblable que Willar, qui recevait de l’argent de Salomon Levi pour apprendre le secret de son maître aux Lorrains, n’en eût pas reçu très volontiers pour en apprendre autant aux Français.

« Salomon Levi, dit-on a pensé être pendu plusieurs fois, ce qui est bien plus vraisemblable.

  1. Voltaire : Œuvres complètes, édition Bouchot, tome LI, p. 73.