Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/262

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« Il a correspondu avec la compagnie comme secrétaire de Willar.

« Il compte faire des liaisons avec Oppenheimer et Vertenbourg, munitionnaires de l’empereur parce qu’ils sont tous deux Juifs comme lui.

« Willar vient d’écrire une lettre à Salomon qui exige une réponse prompte, attendu ces paroles de la lettre : « Donnez moi un rendez-vous tandis que nous sommes encore libres. »

« Salomon Levi est actuellement caché dans Paris pour une affaire particulière avec un autre fripon nommé Rambau de Saint Maire. Cette affaire est au Châtelet et n’intéresse en rien la Cour. »

Les multiples trafics auxquels se livrait Voltaire ne vont pas sans quelques mésaventures. Mêlé aux affaires du Juif Médina, Voltaire perdit dans la banqueroute du fils de Jacob vingt mille livres qu’il regretta toute sa vie, car il n’avait pas la philosophie des bons souscripteurs des mines de Bingham[1].

Lorsque M. Médina, écrivait-il quelque temps avant sa mort, me fit à Londres une banqueroute de vingt mille livres, il y a quarante-quatre ans, il me dit que ce n’était pas sa faute, qu’il n’avait jamais été enfant de Bélial, qu’il avait toujours tâché de vivre en fils de Dieu, c’est-à-dire en honnête homme, en bon Israélite. Il m’attendrit, je l’embrassai, nous louâmes Dieu ensemble et je perdis quatre-vingts pour cent…

Près d’un demi-siècle s’écoula sans amortir ce cuisant souvenir.

L’affaire d’Abraham Hirsch ou Hirschell affecta le grand homme plus profondément encore. S’il n’y perdit qu’une partie de son honneur, auquel il tenait peu, il y perdit l’amitié de Frédéric à laquelle il tenait beaucoup.

  1. Consulter à ce sujet un travail fort curieux publié sous ce titre : Voltaire et les Juifs, dans les Archives israélites (N° des 16, 23 mars, et 7, 20, 27 avril 1882).