Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/427

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rien ne se montre. L’heure a sonné. On attend le signal. Qui le donnera ? Grâce à Dieu, ce n’est pas un Français, c’est un Juif, c’est Simon Mayer.

Ecoutez Maxime Du Camp[1] :

Tout à coup un homme parut sur le couronnement, agita un drapeau tricolore et le lança dans l’espace, afin de bien indiquer que tout ce qui avait été la Révolution française, le premier Empire, la royauté de Louis-Philippe, la seconde République, le second Empire, disparaissait de l’histoire et allait faire place à l’ère nouvelle, symbolisée par la loque couleur de sang, que t’on appelle le drapeau rouge.

L’homme qui eut l’honneur de jeter au vent les couleurs de la France était digne de cette mission : il s’appelait Simon Mayer. Le 18 mars, il s’était noblement conduit à Montmartre. Capitaine au, 169e bataillon, que commandait Garcin, en remplacement du chef élu qui était Blanqui, alors incarcéré ou en fuite, ce Simon Mayer avait héroïquement aidé à l’assassinat du général Lecomte et de Clément Thomas. Cette belle action trouvait sa plus douce récompense à cette heure, sous le soleil, en présence des membres de la Commune attentifs et charmés. On entendit un son de clairon. Un silence énorme, comme dirait Gustave Flaubert, emplissait les rues. Chacun se taisait et tenait invinciblement les yeux attachés sur la colonne en avant de laquelle les cibles se raidissaient. Il était un peu plus de cinq heures du soir, de temps en temps, quelques coups de canon lointains semblaient une salve funèbre tirée du fond des horizons invisibles.

Un homme a vendu un Dieu qui venait porter au monde des paroles de miséricorde et d’amour, il s’appelait Judas, et il était Juif.

Un homme a vendu une femme qui s’était confiée à lui, il s’appelait Simon Deutz, et il était Juif.

Un homme, devant les Prussiens, a donné le signal pour

  1. Convulsions de Paris, tome 11, pages 287-288.