Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/434

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documents incroyables qui sont en quelques mains[1], fut le triomphe des petits papiers.

Tous les hommes du 4 Septembre, les Jules Simon, les Jules Favre, les Picard, Thiers lui-même, avaient été en relations avec la plupart des chefs de la Commune, et ne s’occupaient qu’à éviter les révélations compromettantes. Les instructions faites une première fois furent refaites à nouveau avec injonction de supprimer certaines accusations. On faisait évader ceux qu’on ne pouvait justifier[2], et il n’était point de jour où l’on ne saisît quelques lettres adressées clandestinement aux prisonniers comme celles que Jules Favre écrivait à Rochefort.

Les captifs se servaient des gages qu’ils pouvaient avoir — ce qui est assez compréhensible — et les avocats prévoyants imitaient ce bon Jolly, sur la tombe duquel Gambetta prononça un si beau discours, et se nantissaient des

  1. Ajoutons que tous les Papiers des Tuileries n’ont pas été brûlée, comme on le croit généralement. Quelques-uns furent sauvés pendant le premier siège par M. de Piennes. Les plus importants avaient été déposés dans les caves de la maison qu’occupait la grande aumônerie, rue de Rivoli. Au moment de l’entrée des troupes dans Paris, on signala leur présence, à cet endroit, au général Douay qui venait d’arriver sur la place du Carrousel il les fit immédiatement charger sur 17 ou 18 fourgons, et sans en rien dire à Thiers, il les envoya sous escorte à Cherbourg d’où ils furent expédiée en Angleterre.
        Ce sont ces documents qui montreront ce qu’était la république des hommes du 4 Septembre, et qui vengeront, par le mépris de l’histoire, les malheureux qu’ils ont fait égorger.
  2. Félix Pyat, dont chacun connaissait la retraite, resta tranquillement caché rue Pigalle, et ne quitta Paris qu’avec un passeport parfaitement régulier.
        Un fonctionnaire important du Ministère de l’intérieur a encore en sa possession un ordre de faire évader six détenus signé Thiers et contresigné Calmon.