Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/456

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Le comte Harry d’Arnim n’était pas un simple favori comme Cinq-Mars, essayant de renverser, pour plaire à une coterie, un ministre supérieur à lui, il était considéré par le prince de Bismarck, lui-même, comme le seul homme qui pût le remplacer. Au commencement de 1872, le Chancelier avait même proposé à l’Empereur de nommer l’ambassadeur de France son ad latus.

Le comte d’Arnim voulait davantage. Secondé par la majeure partie de l’aristocratie allemande, appuyé par l’impératrice Augusta, il rêvait de se substituer à Bismarck et de continuer son œuvre, mais en changeant complètement le plan d’opération.

Le prince de Bismarck, comme il l’a déclaré avec la brutale franchise qui lui est habituelle, encourageait la République juive en France pour que la France fût impuissante, méprisée, déshonorée en Europe, sans s’occuper des dangers que présentait pour le monde le foyer d’infection qu’il laissait grandir.

Le comte d’Arnim, au contraire, voulait guérir la France pour que l’Europe ne tombât pas malade grâce à ce voisinage. Il s’inspirait de la maxime de Philippe II : « Mieux vaut éteindre l’incendie dans la maison de son voisin que de l’attendre dans la sienne. » A la France, une fois en monarchie, soit avec le comte de Chambord, soit avec le Prince Impérial, il offrait la Belgique et Metz en compensation de l’Alsace, tandis que l’Allemagne occupait la Hollande, et devenait une puissance maritime. L’Angleterre qui, en dépit des déjeuners du prince de Galles avec Gambetta, nous a constamment trahis et a fini par prendre Chypre et l’Égypte à notre barbe et à notre nez, était tenue en échec pour longtemps. L’Europe entrait dans une ère de paix et d’ordre qui aurait pu se prolonger un siècle.