Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/478

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la protectrice séculaire des opprimés, voilà ceux dont il prit la cause en main, à la stupéfaction de Bismarck qui riait aux éclats à chaque séance où notre ministre remettait la question sur le tapis.

Il y eut après le traité de Berlin des épisodes vraiment touchants dans la douleur de ce peuple que l’Europe condamnait à disparaître devant le Juif.

Il ne s’agissait pas, nous le répétons, d’un nombre déterminé de Juifs à admettre, mais de tous les Juifs auxquels il plairait de s’établir dans ce pays au détriment des propriétaires du sol. D’après la doctrine de Waddington, tout Juif était citoyen roumain.

Un ancien révolutionnaire, un homme qui, pendant son exil en France, avait été l’ami de tous les républicains arrivés, Bratiano dit à la Chambre des représentants cette parole émouvante : « Messieurs, dans ma vie politique j’ai passé par beaucoup de vicissitudes et par beaucoup de malheurs, mais nulle part et jamais je ne me suis senti aussi malheureux qu’à Berlin. »

Pendant ce temps la Juiverie exaltait, et Crémieux, dans une séance de l’Alliance israélite, s’écriait sur un ton dithyrambique :

Ma foi est grande devant notre situation aujourd’hui si belle ! Ah ! laissez-moi reporter tout cela à la conduite si noble, si loyale et si pure qu’a tenue à Berlin notre ministre des affaires étrangères, notre Waddington. (Plusieurs salves d’applaudissements accueillent cette parole de l’orateur.)

Ce mot notre semble indiquer que Waddington est d’origine juive, à moins que Crémieux n’ait voulu dire par là que le ministre des affaires étrangères était à eux parce qu’ils l’avaient payé.