Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/484

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1883, par M. Louis Teste, un écrivain très modéré et très au courant des questions diplomatiques. N’est-ce pas ravissant encore, la France, à la veille de la banqueroute, offrant deux cent cinquante mille francs à un Anglais pour aller faire des insolences à la seule puissance qui ait conservé pour nous une ombre de sympathie ?

L’envoi de M. Waddington à Londres a couronné cet édifice de ridicule. On avait dit que l’ancien élève de Cambridge était fixé là-bas sans esprit de retour et que, la qualité d’Anglais ne se perdant pas, il avait l’espoir d’être nommé pair. Nous n’avons pas eu cette chance, il continue à servir l’Angleterre sur notre dos. C’est lui qui décida le gouvernement français à désavouer et à priver de son commandement le brave amiral Pierre qui mourut de chagrin. Mais son chef-d’œuvre fut le projet d’adhésion de la France à la conférence de Londres pour le règlement de la question égyptienne. Non seulement la France acceptait l’occupation par l’Angleterre de cette Égypte où notre influence avait été si longtemps prépondérante, où nos capitaux français s’étaient engloutis, non seulement elle consentait à la réduction d’une dette garantie par toutes les puissances, mais elle admettait un emprunt primant tous les autres et destiné par l’Angleterre à réparer les dommages qu’elle avait seule causés.

Les Allemands et les Russes, fort heureusement, défendirent mieux nos intérêts que ne l’avaient fait nos ministres, et la conférence avorta piteusement. M. Waddington en fut inconsolable.

Quant à la conduite de Barrère elle fut plus singulière encore. On sait avec quel intérêt toute l’Europe suivait ce qui se passait en Égypte au mois de septembre 1884, au moment où l’on annonçait comme imminente la suspension