Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/492

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décomposition sociale et militaire, le prince de Bismarck cessa de nous menacer et ne parait pas même avoir voulu profiter de trop faciles avantages.

Que se passa-t-il dans cette âme ? Le prince de Bismarck semble avoir agi comme ces politiques supérieurs, qui s’occupent non du résultat immédiat mais de la figure qu’ils feront devant la Postérité et du rôle qu’ils auront dans les annales de l’Humanité.

Avec ce don qu’ont les grands hommes de vivre déjà dans les siècles futurs, le Chancelier se représenta, sans doute, si la France s’écroulait comme nation, les sentiments qui animeraient ceux qui seraient appelés à juger le plus grand procès de l’histoire, il devina que toute une littérature se ferait sur ce thème la France naïve, chevaleresque, généreuse, écrasée par un diplomate allemand, astucieux et retors.

Evidemment, en songeant à nous, Bismarck était hanté à chaque instant par le souvenir des malédictions qui ont poursuivi ceux qui ont détruit la malheureuse Pologne par la violence et la ruse. Il a voulu que sa mémoire restât pure de l’ombre que jettent même sur les succès de tels procédés.

Ce qui est certain, c’est que sa conduite fut très nette. Nul ne pourra prétendre que l’homme d’État allemand ait trompé la France, il lui a dit constamment la vérité. Lors du procès d’Arnim, il rendait publiques des lettres dans lesquelles il déclarait que la République était le gouvernement qui faisait le mieux les affaires de l’Allemagne. Une autre fois, il reconnaissait que la seule force qui existait encore en France était dans les croyances religieuses. En 1883, au moment de la divulgation de la triple alliance entre l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, les journaux offi-