Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/499

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Ces obstacles n’étaient pas de nature à arrêter des Juifs désireux de faire une affaire. Un ancien fonctionnaire du 4 Septembre qui avait eu Cambon pour secrétaire, se chargea, moyennant un prix convenable, cela va de soi, de le rendre favorable aux prétentions de Mustapha. Cambon déclara qu’il était indispensable qu’on lui envoyât un personnage politique français, gros d’influence et léger de scrupules, qui pût l’aider à peser sur le Bey.

Floquet était tout naturellement désigné pour ce rôle et il s’en alla en Tunisie plaider ce vilain procès, qui avait été déjà perdu par Mustapha devant le tribunal le Charaa, le seul compétent dans l’espèce[1].

Cambon avait la partie belle. « Tu vois, dit-il au Bey, le président de la Chambre lui-même s’intéresse à cette question, si tu ne cèdes pas il t’arrivera malheur et tu seras détrôné. Tu n’as qu’une seule chose à faire, prendre pour arbitre un honnête homme, un homme étranger à cette affaire, républicain désintéressé et pur… le vertueux Naquet[2]. »

Tout allait bien et par statuts déposés chez Me Dupuy, notaire, à la date du 24 mars 1885, la Société foncière tunisienne fut définitivement constituée, elle comptait parmi

  1. Le tribunal français lui-même, devant lequel l’affaire avait été portée, refusa de donner complètement raison aux juifs. On prit le parti de l’épurer pour avoir des juges dont on fût sûr. Le président, M. Pontois, fut nommé président de Chambre à la Cour de Nîmes.
  2. Naquet, après avoir reconnu qu’il avait été un des actionnaires de la Société foncière tunisienne et que l’argent avait été versé pour lui par M. de Rothschild, avoue qu’il était désigné d’avance comme arbitre, mais il prétend qu’il avait rétrocédé ses actions. Il ne se justifie donc pas d’avoir avec Floquet trempé dans des spéculations sur des immeubles en litige.