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gambetta et sa cour

Le poids du cerveau disait le peu de fonds intellectuel qu’il y avait chez cet homme bruyant comme tout ce qui est vide. Le cerveau de Byron pesait 2,238 grammes, celui de Cromwell 2,231 grammes, celui de Cuvier 1,829 grammes, celui de Dupuytren 1,436 grammes, le cerveau de Gambetta ne pesait que 1,160 grammes. C’était un cerveau de ténor et effectivement il y avait du ténor chez ce grand premier rôle de la politique qui resta comédien jusque dans les moelles.

Ténor certes, artiste jamais. Rien n’est plus intéressant et plus instructif, selon moi, que l’étude de ce talent. On a ri à gorge déployée de ces phrases devenues légendaires : « Havrais, je connais vos besoins, je connais aussi vos moyens d’écoulement..… Audacieux coursiers, élancez-vous sur cette mer qui vous sollicite par devant..… Vos applaudissements font plus que de couronner mon passé, ils illuminent mon avenir..… »

Je trouve qu’il y a plus qu’une occasion de rire dans le spectacle de ce malencontreux qui ne peut arriver à prononcer deux phrases correctes de suite ; il y a un enseignement à tirer de l’impuissance de cet étranger à parler une langue qui n’est pas la sienne.

N’est-elle pas saisissante cette impossibilité radicale, absolue, d’un homme qui possède certains dons, à lier deux idées dans une forme régulière ? Gambetta rencontrait d’instinct l’épithète ridicule et fâcheuse, comme Lamartine rencontrait la belle image, la comparaison vibrante et juste, l’éloquente évocation du bois natal, du fleuve, de la mer.

— Oui, j’ai conspiré avec la Révolution, comme le paratonnerre conspire avec la foudre ! ainsi s’écrie le tribun de 1848.