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la france juive

d’un républicain qui songe à ce que cet homme aurait pu faire pour le pays, si, au lieu de diviser et de corrompre, il s’était efforcé d’unir, si au lieu d’avoir l’arrière-pensée de détruire la France, il avait eu la généreuse ambition de la sauver.

Aucune école républicaine, dit M. Amagat, ne réclamera M. Gambetta si elle exerce sur lui une saine critique.

Les partis, dont la morale est peu sévère l’épargneront peut-être, ne distinguant pas bien à travers ses variations où commence l’ami, où finit l’adversaire. L’histoire sérieuse, nous osons l’affirmer, ne l’absoudra pas. L’histoire sérieuse ne se trompera pas sur son œuvre délétère.

Qu’a-t-il fait pour son pays ? Démagogue aux élections de 1869, il a réveillé ces fureurs qui éclatent périodiquement dans notre histoire, depuis la Saint-Barthélémy et la Ligue jusqu’à la Terreur et la Commune, pour épouvanter la capitale. Agitateur en 1872, il ne laisse pas une heure de repos au gouvernement qui répare les maux de la patrie, et l’ennemi campe encore sur notre territoire. Agitateur en 1876, il provoque par sa violence ce trop coupable Seize-Mai, qui faillit nous jeter dans la guerre civile et qui nous a plongés dans le désordre politique où nous nous débattons. Intrigant et corrupteur durant sa longue présidence, il tente de corrompre, pour le mieux asservir, ce noble pays de France que les plus vils despotes ont bien possédé un instant, mais qu’ils ne sont jamais parvenus à avilir et à déshonorer[1].

Sur tous Gambetta faisait la même impression.

Un jour, Goncourt sortait avec Burty de l’exposition des Arts décoratifs ; un gros homme, à la porte, s’accroche à Burty, et tous trois font route ensemble jusqu’à la place de la Concorde.

  1. M. Gambetta et son rôle politique. Revue des Deux-Mondes du 15 mai 1884.