Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/68

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son sol, son foyer, sa langue et son temple. Il a assez longtemps que nous autres Israélites nous sommes dépossédés de tout cela. Nous avons été forcés de nous glisser dans les interstices des nations, d’où nous avons pénétré dans les intérêts des gouvernements, des sociétés, des individus. C’est beaucoup, ce n’est pas assez. On croit encore que la persécution nous a dispersés, elle nous a répandus, et nous tenant par la main nous formons aujourd’hui un filet dans lequel le monde pourrait bien se trouver pris le jour où il lui viendrait à l’idée de nous redevenir hostile, ou de se déclarer ingrat. En attendant nous ne voulons plus être un groupe, nous voulons être un peuple, plus qu’un peuple, une nation. La patrie idéale ne nous suffit plus, la patrie fixe et territoriale nous est devenue nécessaire et je pars pour chercher et lever notre acte de naissance légalisé. J’ai donc chance de voir du pays et d’aller de la Chine au Lac Salé et du lac Salé au grand Sahara. Chacun son idéal et sa folie, que Celui qui est nous conduise, et comme nous disons depuis des siècles dans nos jours de fête : l’année prochaine Jérusalem !

Il y a là cependant quelques inexactitudes, toutes les tribus sont retrouvées excepté, comme nous l’avons dit, Gad et Ioaddé, encore croit-on être sur la trace de Gad qui se trouve mêlée aux Nestoriens et aux Afghans[1]. C’est pour

  1. Consulter, à ce sujet, un curieux ouvrage « les Nestoriens ou les tribus perdues », par Israël Grant. Consulter aussi un ouvrage paru il y a une vingtaine d’années en Angleterre : Tableau des indiens américains, de leur caractère général, de leurs coutumes, de leur langue et leurs rites publiques, rites religieux et traditions les montrant comme les descendants des dix tribus d’Israël, avec le langage des Prophètes à leur égard et le chemin qu’ils ont dû suivre pour passer de la « Médie » dans le nouveau continent, par Asraël Worsley.
    En 1846, des députés furent envoyés à la recherche des tribus, mais ils revinrent sans avoir accompli leur mission. Ils constatèrent, seulement, dit le Jewish Chronicle de l’époque, « la présence de quatre millions de Juifs dans les Indes Orientales, à vingt journées de Sangala. » il est probable que dans quelque temps nous serons encore obligés de nourrir celui-là.