Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/73

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n’avaient pas été du goût du tzar. Néanmoins, les circonstances amenèrent un rapprochement entre les Romanoff et les Sidonia. Je résolus de me rendre moi-même à Saint-Pétersbourg. Lors de mon arrivée j’eus une entrevue avec le ministre des finances russe, le comte Cancrin : j’eus affaire au fils d’un Juif lituanien. L’emprunt se reliait à des affaires en Espagne où je résous de me rendre en quittant la Russie.

J’eus une audience avec le ministre espagnol, Senor Mendizabal : je me trouvai en face d’un de mes semblables, le fils d’un Nuevo Christiano, un Juif d’Aragon. Par suite des révélations qui transpirèrent à Madrid, je me rendis directement à Paris pour consulter le président du conseil des ministres français. Je trouvai le fils d’un Juif français, un héros, un maréchal de l’Empire et ce n’est que juste, car qui voulez-vous qui soient des héros, sinon ceux qui adorent le Dieu des armées ?

Et Soult est-il Juif ?

Oui, ainsi que d’autres maréchaux de France et non les moins fameux : Masséna par exemple, — son nom réel était Manasseh, — mais revenons à mon anecdote. La conséquence de nos consultations fut qu’on s’adresserait à une des puissances du Nord à titre amiable et médiatif. Notre choix tomba sur la Prusse, et le président du Conseil fit une démarche auprès du ministre prussien qui, quelques jours après, vint assister à notre conférence. Le comte d’Arnim entra dans le salon et je reconnus un Juif prussien. Vous voyez donc, mon cher Coningsby, que le monde est gouverné par des personnages bien différents… à ce que s’imaginent ceux qui ne sont pas dans les coulisses.

Le tableau est intéressant et montre bien comment, sous des formes diverses et des déguisements différents, le Juif est en réalité partout. L’avidité proverbiale de Masséna, les exactions qu’il commit dans toutes ses campagnes tendent à confirmer ce que dit Disraeli de son origine juive, quoique l’acte de baptême du maréchal ait été publié dans l’Intermédiaire (no du 25 novembre 1882). Ney semble également avoir appartenu à la race. Quand à Soult l’opinion me paraît bien hasardée.