Page:Du Bellay - Œuvres complètes, édition Séché, tome 2.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

OÙ tu avois dès mainte et mainte année
Auparavant leur demeure bornée.
Qui contera les dangers et horreurs
Les tiers combats et vaillantes fureurs
De Josué ? et la brave entreprise
De Gedeon, que ta inain favorise ?
Qui descrira ce Guerrier ordonné
Pour le rempart de tou peuple estonné,
Va le forfait de la main desloyale.
Qui luy embla sa perruque fatale ?
Qui chantera loracle disraël
Ce grand prophète et prestre Samuel,
Saùl, Jonathe, et les despouilles vuides
Rouges du sang de tes Israelides ?
O Dieu guerrier, des victoires donneur.
Donne à mes doigts ceste grâce et bon-heur,
De n’accorder sur ma Lyre d’yvoire
Pour tout jamais, que les vers de ta gloire.
S’il est ainsi, arrière les vains sons,
Les vains soupirs, et les vaines chansons :
Arrière amour, et les songes antiques
Elabourez par les mains poétiques.
Ce n’est plus moy, qui vous doy fredonner :
Car le Seigneur m’a commandé sonner
Non rOdvssée, ou la grand’lliade.
Mais le discours de l’Israeliade.
Lors je diray ce grand pasteur Hebrieu,
Qui s’opposa pour le peuple de Dieu :
Les saincts accords de la Lyre faconde.
Le certain coup de sa fidèle fonde,
Avec l’honneur de son premier butin,
Et le grand tronc du brave Philistin.
Je chanteray par combien de traverses
Il sc^ut tromper les embusches diverses
De ses haineux, ains que Dieu leust assis
Pour commander au peuple circoncis.
Heureux vrayment si l’œil de Bersabée
Sa Liberté n’eust oncques desrobée
Et s’il n’eust mis en proye à l’estranger
Celuy, qui fut de sa mort messager.
Las, ce qu’on voit de bonheur en ce monde,