Page:Du Bellay - Œuvres complètes, édition Séché, tome 2.djvu/58

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Du Roy la grande largesse.
J’admire la bonne grâce,
La beauté plaist à mes yeux,
J’honore une antique race.
Mais la vertu me plaist mieux.
Tout ce qui est hors de l’homme,
L’homme le désire, afin
De parvenir à la tin
Que suffisante l’on nomme.
Mais la vertu estimable
Plus que tout l’indique honneur
Pour elle-mesme est aymable,
Et non pour autre bonheur.
L’ayant pour ta guide prise,
O l’ornement des prélats
Tu monstre bien que tu l’as
En tes premiers ans apprise :
Fuyant l’alléchante amorce,
Qui nos plus jeunes désirs
Tirent d’une douce force
Aux peu durables plaisirs.
Car sortant du jeu d’enfance
Aux exercices plus forts,
Ta vertu sortit alors
Devant les yeux de la France
Puis d’une aile plus légère
Volant aux peuples divers
La publique messagère
La porte par l’univers.
Quel nombre pourroit suffire
A raconter les dangers,
Qui par les flots estrangers
Ont agité ta navire :
Et celle de ton grand frère,
Qui par l’heur de sa vertu
Rendoit la France prospère,
Et l’Espagnol abbatu ?
Comme du haut des montaignes
Alors que la neige fond,
Deux hardis fleuves se font
Divers cours par les campagnes,