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À MONSIEUR DUTHIER
CONSEILLER DU ROY, ET SECRETAIRE D’ESTAT

Duthier, dont la diligence,
Le sçavoir et la prudence,
L’experience et la foy,
D’un ordinaire exercice
Travaillent pour le service
De la France et de son Roy :

Encores qu’on ne raisonne
Que de Mars et de Bellonne,
De discorde et de fureur,
De soldats, et de gendarmes,
D’assauts, de sieges, d’allarmes.
De feu, de sang, et d’horreur :

Ne laisse pourtant de lire
Les petits vers, que ma lyre
Te vient presenter ici,
Meslant au bruit des trompettes
Le son des douces musettes,
Pour adoucir ton souci.

Les vers qu’ici je te chante,
Duthier, je ne les présente
A ces sourcis renfrongnez,
Ausquelz tel jeu ne peut plaire,
Et qui souvent à rien faire
Sont les plus embesongnez.

Mais c’est pour toy que je sonne,
Mais c’est à toy que je donne
Le miel de telles douceurs,
Où des affaires plus graves
Souvent le souci tu laves.
Cher nourrisson des neuf Sœurs.