Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/26

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par bandes, sans jamais lui assigner d’indemnité pour ses frais. On porta l’audace jusqu’à l’assaillir chez lui ; on fit feu dans l’intérieur de sa maison ; un homme d’épée travesti en magistrat, actuellement en office, était l’objet vrai ou faux des soupçons généraux : par égard pour l’honneur des armes, mariées ici si originalement à la magistrature, toute enquête juridique pour la manifestation du coupable fut prohibée et interdite dans les papiers publics de Québec. Aussi en vint-on à briser la galerie et à forcer les portes et les contrevents, quoiqu’en fers ; et l’offensé resta encore sans ressource, en proie à la violence et à l’oppression. Telles furent les premières scènes de la persécution qui éclata contre la personne de M. du Calvet.

Le feu des discordes civiles, qui, en 1775, commença à embraser toutes les colonies anglaises, étendit bientôt ses fureurs jusques dans la province de Québec. M. du Calvet y tenait du gouvernement une place de distinction : il avait hérité de ses ancêtres d’une assez riche fortune qui s’était bien amplifiée dans ses mains par les soins et les succès de son industrie. La reconnaissance, l’intérêt, ses inclinations, les passions les plus chères et les plus victorieuses du cœur humain, tout en un mot le liait de fidélité à son souverain ; personne ne s’avise d’être traître à son honneur, à sa félicité, à son existence et à soi-même à moins qu’une espérance fondée d’amélioration d’état, ne vienne justifier l’essai de cette trahison ; or quel sort tous les États américains ensemble pouvaient-