Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/39

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en main les rênes du ministère pour le département de l’Amérique. Visites, lettres, sollicitations personnelles, protections étrangères, tout fut mis en usage pour extorquer une audience de ce ministère et en arracher au moins une lueur d’espérance de justice : mais rien ne fut capable de réveiller la dormante seigneurie de la léthargie inanimée où était ensevelie son équité. Son sous-secrétaire d’État même, quoique plus alerte d’âge et de caractère, affecta, de commande sans doute, l’assouplissement de son principal. M. du Calvet fut seulement informé par des personnes de confiance et de crédit, qu’à la lecture de ses plaintes, le Lord North s’était écrié, « que ce n’était pas à un homme ruiné et isolé tel que M. du Calvet, à lutter contre un Grand de la fortune et du crédit du général Haldimand, à qui après tout il restait toujours ouverte la voie de la Suisse, où les lois d’Angleterre ne s’aviseraient pas de le poursuivre et beaucoup moins de l’atteindre. »

M. du Calvet projetait de déférer cette inique réponse et ces indignes procédés au Tribunal général de la nation, lorsque Sa Majesté jugea devoir à la gloire de sa couronne et à celle de son règne la déposition de ce trop léthargique ministre. À l’avènement du présent ministère, les matériaux, que M. du Calvet avait confiés dans les mains de ses amis, avaient été digérés et mis en œuvre : il avait sous presse son mémoire dédié au roi, où est tracée sous les couleurs naturelles l’histoire lamentable des persécutions despotiques et tyranniques du général