Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/43

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dans le cœur et un sceptre de fer à la main, le gouverneur Haldimand n’y gouverne pas, mais il y gourmande les peuples en esclaves. À la faveur des oppressions les plus atroces, il n’oublie rien pour affaiblir — que dis-je ? pour briser sans retour — les liens de sentiments qui attachent les sujets au souverain : il compromet, par ses vexations inouïes, l’honneur de la nation, qui met sa gloire à n’avoir dans son sein que des hommes libres et qui ne se doutait pas, en l’adoptant, qu’elle incorporait un tyran résolu à mettre aux fers une partie de ses sujets ; car telle est aujourd’hui, sire, la triste destinée de la province de Québec : tout y gémit sous un joug de fer : la tyrannie y déploie sans ménagement tout l’appareil de ses fureurs : les pleurs, les gémissements, la terreur, le désespoir, y règnent de toutes parts ; et, si diverses circonstances ne mettaient des entraves à une fuite générale, la province de Québec serait bientôt déserte. Ce qu’il y a de plus atroce, c’est que l’auteur de ces calamités prétend les consacrer, en se parant du nom de Votre Majesté qu’il représente, et en se couvrant de l’autorité royale, en vertu de laquelle il prétend agir ; c’est-à-dire, qu’à ne juger de la personne royale, que sur ses prétentions, du meilleur des princes dans lui-même à Londres, le général Haldimand en fait à Québec le plus odieux des souverains par représentation. L’outrage fait au monarque et aux sujets est sanglant : mais, placé au-dessus des lois par sa place,