Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/49

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vengeance, dans tous pays civilisé, se demandaient à eux-mêmes dans un éternel étonnement, comment un gouvernement subordonné au plus humain gouvernement de l’univers pouvait ainsi les fouler aux pieds au point de ne jamais exculper, en apparence, tant de violences, sous l’ombre de quelques formalités judiciaires ; car la foule de ces emprisonnements ne produisit jamais aucun jugement et beaucoup moins une seule punition légale.

Mais le général Haldimand ne se pique pas de la gloire d’être juste ; et son âme ne fut jamais sensible au plaisir délicat d’être estimé et beaucoup moins d’être aimé : son ambition s’est toujours bornée à être la terreur et l’épouvante de la province qu’il gouvernait ; et il a si bien réussi dans ce but tyrannique, que tout y tremble au seul nom effroyable d’Haldimand : ses soupçons, ses caprices, sa seul indifférence font frissonner à l’égal de la foudre quand elle gronde et qu’elle éclate ; aussi est-il assuré d’emporter avec lui, en partant, l’horreur de tous les honnêtes gens et sa mémoire ne vivra qu’avec exécration dans les cœurs.

Ce n’était pas là les intentions de Sa Majesté, quand Elle confia dans les mains de ce général, intrus dans la nation et dans sa place, le gouvernement de la province de Québec. Notre gracieux souverain gouverne en père ses sujets à Londres ; c’était des sentiments paternels pour ses