Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/130

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seulement les télégraphes de nuit, mais encore les télégraphes de jour actuels. Tout cela sera remplacé par la télégraphie électrique. Nous avons eu en 1838, à l’Académie des sciences, un appareil construit par un physicien américain, M. Morse, et qu’on a pu faire fonctionner[1]. » Avant de rentrer dans le néant, le télégraphe aérien, qui déjà avait tant fait pour la France, devait lui donner une dernière et glorieuse preuve de dévouement. Il a affirmé sa propre naissance en annonçant la prise de Condé, il devait employer ses derniers efforts à assurer le succès du siège de Sébastopol. Nos appareils transportés en Crimée ont rendu d’incalculables services, et la conduite vigoureuse des employés a montré que le vieux sang gaulois n’avait encore rien perdu de sa vigueur.

Au moment où ils disparurent pour toujours[2], les télégraphes jouissaient d’un budget particulier de 1 180 000 fr., et s’étendaient en France sur un espace de 1 250 myriamètres, divisés en cinq cent trente-quatre stations. Le point central, le moyeu de ce rayonnement de signaux, était la tourelle du ministère de l’intérieur, dont les télégraphes placés aux quatre faces correspondaient à Paris, avec le poste du ministère de la marine (ligne de Brest), le poste de l’église des Petits-Pères (ligne de Lille), le poste nord de Saint-Sulpice (ligne de Strasbourg), le poste sud (lignes de Lyon et d’Italie). Par les circonstances atmosphériques les plus favorables, les dépêches parvenaient de Paris à Marseille en une heure et un quart ; mais bien souvent l’état du

  1. Le Moniteur (3 juin 1842) fait une singulière faute d’impression ; il imprime : qu’on n’a pu faire fonctionner. Le sténographe, trompé certainement par la liaison euphonique de l’n et de l’a, en avait fait une négation.
  2. Les télégraphes aériens furent supprimés, en province, vers 1854. À Paris, on les conserva jusqu’en 1858 ; le dernier fut celui des buttes Montmartre.