Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/284

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un voyageur monte en wagon, il prend, moyennant trois pences, un ticket d’assurance qui donne droit à ses héritiers, en cas de mort, à une somme de 1 000 livres sterling ; les diverses avaries auxquelles un voyageur est exposé en chemin de fer sont côtées selon la gravité et sont représentées par des sommes proportionnelles. De cette façon tout se passe librement, par un contrat spontanément consenti, et à l’abri de l’intervention toujours pénible de la justice ; mais de tels moyens sont trop simples et trop pratiques pour être adoptés en France, où le parti excellent qu’on peut en toutes choses tirer des compagnies d’assurances est à peine soupçonné.

Un crime, celui qui, dans la nuit du 5 au 6 décembre 1860, a fait périr M. Poinsot sous les coups de l’insaisissable Jude, a causé aussi une profonde émotion. Tout de suite on a réclamé pour les voyageurs le droit de pouvoir au besoin faire arrêter le convoi. Cela est absolument inadmissible. Il ne faut jamais accorder à une seule personne, fût-elle en danger de mort, le privilége exorbitant de mettre en péril, et en péril trés-grave, toutes les personnes qui font partie d’un train. En effet les convois se suivent à intervalles souvent très-rapprochés ; réglementairement, dix minutes au moins doivent les séparer les uns des autres, mais il suffit parfois d’un léger ralentissement d’une part et d’une faible accélération de l’autre pour que l’équilibre de la distance soit rompu. Dans ces circonstances, si le premier convoi s’arrête, il a de grandes chances pour être rejoint par celui qui le suit et pour recevoir ce que l’on appelle un coup de tampon, c’est-à-dire pour être brisé dans une collision des plus violentes. Confier un tel pouvoir avec toutes ses conséquences à chaque voyageur, c’est centupler immédiatement la somme des accidents qu’on enregistre chaque année. Il faut trouver un moyen pra-