Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/371

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blablement sauvé par les jardins dès le commencement de l’affaire On le trouva dans le logement du ministre de Bade, dans un état de délire. Toutes les autres personnes attachées à la légation française arrivèrent successivement, soit en fuyant, soit avec les voitures. Le ministre Jean Debry manquait encore ; sa mort n’avait point été constatée par des témoins oculaires ; on regarda donc comme absolument essentiel de tout tenter pour le sauver. Quelques-uns d’entre nous se rendirent auprès du capitaine des hussards autrichiens pour le solliciter d’accorder une escorte au major de Harrant qui, accompagné de quelques hussards de Bade, voulait aller à la recherche de Jean Debry. Le soussigné comte de Solms de Laubach s’offrit de l’accompagner, afin d’appeler le ministre français, qui connaissait sa voix, par son nom. Le capitaine accorda l’escorte, et à la pointe du jour, vers quatre heures du matin, le comte de Solms, le major Harrant et deux hussards de Bade, sous l’escorte d’un caporal et de quatre hussards impériaux, montèrent à cheval pour parcourir ces environs, et notamment le bois de Steinmaner et de Plittersdorff. Ils n’eurent pas la satisfaction de trouver le ministre Jenn Debry, mais ils apprirent quelques circonstances absolument nécessaires à l’éclaircissement du fait ; les voici : le major Harrant s’étant adressé au bailli de Rheinau pour obtenir des renseignements sur le compte du ministre absent, le bailli lui apprit que des hussards impériaux avaient déjà fait des perquisitions relativement à un Français blessé et fuyant, et dont la découverte leur importait infiniment ; qu’ils avaient fortement recommandé qu’au cas que l’on trouvât un Français ressemblant au signalement qu’ils en donnèrent, de bien se donner de garde de le reconduire à Rastadt, et de le faire passer en dehors de la ville, et de le leur mener à Muckensturm par un chemin désigné, ou bien qu’on devait simplement le garder soigneusement et leur en donner connaissance.

On avait tout fait jusqu’ici pour adoucir, autant que les circonstances pouvaient le permettre, cet horrible état de choses. Il s’agissait actuellement de pourvoir à la sûreté des membres du corps diplomatique et de leurs familles, ainsi qu’au trajet des personnes sauvées des missions française et ligurienne. Les soussignés s’adressèrent en conséquence au colonel Barbatzy par une lettre (n° 5) dont fut chargé le secrétaire de légation de Prusse, Jordan, qui fut dépêché, le 29, à quatre heures du matin, accompagné d’une ordonnance impériale. À sept heures du matin, le ministre Jean Debry se rendit dans la maison du ministre prussien de Goërtz. Son apparition causa autant de joie à ceux qui se trouvèrent présents que l’état dans lequel il se trouvait leur inspirait d’intérêt. Ils furent témoins des premiers épanchements de sa joie et de sa reconnaissance envers Dieu lorsqu’il apprit que sa femme et ses enfants étaient encore en vie. Ses habits étaient déchirés ; il était blessé au