Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/70

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du total des mandats et des valeurs déclarées, prouve que la poste transporte annuellement environ quatre milliards de francs.

De telles richesses peuvent tenter bien des agents pauvres, j’en conviens ; mais la surveillance est perpétuelle. À la fois occulte et patente, elle s’exerce jour et nuit, dans les bureaux sédentaires, comme dans les bureaux ambulants. Aussi en 1867, malgré l’énormité des valeurs manipulées par tant d’employés divers, l’administration n’a-t-elle eu à rembourser que 8 020 francs — 500 francs pour dix chargements disparus, à 50 francs l’un, et 7 520 francs pour perte ou détournements de valeurs déclarées. Dans ce dernier cas, l’administration est responsable de la totalité de la somme inscrite sur ses registres ; dans le premier elle ne rembourse jamais plus de 50 francs pour perte d’une lettre chargée, quel que soit le nombre de billets de banque qu’elle contienne. En présence d’une perte si minime qu’elle est insignifiante, comment ne pas admirer le haut sentiment du devoir qui dirige et soutient les 28 422 agents auxquels le soin des correspondances est confié ? Leur responsabilité est permanente, et malgré quelques déplorables exemples, sur lesquels les tribunaux ont eu à prononcer, on peut dire que cette grande armée administrative est un modèle d’honneur et de probité.

À côté des tentations qu’elle repousse, il y a les encombrements officiels qu’elle débrouille avec une sagacité merveilleuse sans permettre qu’ils puissent nuire au service public. Ce qu’on appelle les contre-seings suffirait à occuper toute une administration spéciale ; c’est un abus qui paraît croître dans des proportions telles, qu’il est bon de le signaler. Comme le cabinet noir, il remonte à Louis XI. Dans l’édit du 19 juin 1464, on lit : « Art. 21. Et quant aux paquets envoyés par ledit seigneur (le roi), ou qui lui seront adressés, lesdits maîtres