Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/81

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journaux, sont apportés. Chacun de ces imprimés exige autant de soins, de manipulations, de formalités qu’une lettre : de plus ils tiennent beaucoup plus de place, risquent d’être détériorés par des froissements trop brusques et nécessitent par conséquent des précautions plus minutieuses. Toute la préoccupation de l’administration est de désencombrer l’hôtel des postes et d’alimenter le travail que les six employés de chaque bureau ambulant sont chargés de faire. Aussi on porte réglementairement aux gares à trois heures les imprimés, à quatre heures les paquets pour la province et l’étranger déjà recueillis dans les levées de la journée. À cinq heures, on fait un nouvel envoi de dépêches ; enfin au dernier moment, vers sept heures moins un quart, tout ce qui, apporté par les trains-poste arrivés à six heures, ne fait que traverser Paris et tout ce qu’on récolte dans les boîtes à la dernière limite de temps accordée par la loi est expédié aux gares de chemins de fer par un dernier fourgon.

Les employés, rapides, silencieux, portant des liasses de lettres, charriant des mannes regorgeant de papiers, vont et viennent sans se heurter dans les corridors resserrés ; par de longues trémies aboutissant aux fourgons mêmes, on fait glisser les sacs bourrés de dépêches ; dès qu’une de ces lourdes voitures a reçu son chargement, on l’entend qui s’ébranle, tourne dans la cour et s’éloigne bruyamment vers la gare où elle est attendue.

La grande boîte, celle des dernières levées, et que garde un factionnaire, est vidée de cinq minutes en cinq minutes ; des hommes haletants s’élancent à travers les escaliers, versent les lettres sur la table, où les manipulations dernières sont accomplies avec une rapidité fatigante à voir et plus fatigante à imaginer. L’heure sonne ; un dernier sac est lancé par la trémie, un der-