Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/222

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L’introduction des tabacs n’étant point interdite en France et tout le monde pouvant en faire venir à la condition d’acquitter un droit de 36 francs par kilogramme de cigares et de 10 francs par kilogramme de tabac fabriqué, la direction verrait diminuer promptement le débit des cigares de luxe si les siens n’étaient supérieurs à tous ceux qu’on peut se procurer, même en s’adressant aux producteurs de la Havane.

Quant aux cigares sortis de nos manufactures, s’ils ne sont point irréprochables, ils offrent du moins des qualités qui paraissent appréciées, car la consommation en a augmenté d’une façon prodigieuse : un peu plus de 200 millions en 1852 ; 738 276 448 en 1868. C’est pour l’État un bénéfice très-régulier. En effet, l’impôt qui frappe les tabacs est un impôt absolument volontaire, qui n’atteint aucune denrée de nécessité indispensable. C’est là le caractère particulier et excellent de cette taxe. Il suffit de voir ce que le monopole a produit depuis qu’il existe chez nous pour en comprendre immédiatement l’utilité. Depuis le 1er  juillet 1811 jusqu’au 31 décembre 1868, les recettes générales de l’exploitation ont été de 6 637 887 652 francs et les dépenses de 2 042 933 461 francs. Bénéfice net, plus de quatre milliards et demi. Cela vaut la peine qu’on alimente avec soin une si bonne vache à lait.

Ces bénéfices déjà si importants, et qui sont, lorsqu’on les examine de prés, un allégement notable pour la nation, sont-ils encore susceptibles d’une augmentation qui, en se produisant, permettrait peut-être de diminuer d’autres charges ? Sans aucun doute ; mais pour obtenir ce résultat, convient-il, comme on l’a fort imprudemment demandé, de supprimer une seconde fois la direction générale ? Nullement. Ce serait une singulière anomalie de subordonner une exploitation purement technique à une administration exclusive-