Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/350

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Nul endroit n’est plus triste, plus terne, moins fait pour tenter. Les doubles portes qui en protègent l’entrée sont formidables, et nulle forteresse n’est armée de telles murailles de fer, de si gros verrous, de si puissantes serrures. On y descend par un escalier en vrille, tout en pierres de taille assemblées au ciment romain, défiant le pic et la pioche ; on l’a volontairement rendu si étroit, que deux personnes n’y peuvent passer de front. Quatre portes de fer munies chacune de trois serrures se présentent ensuite. Pour les ouvrir, il faut le concours forcé du caissier principal et du contrôleur général. Lorsque tous ces obstacles sont franchis, on pénètre en plein mystère.

On s’attend à se trouver dans le domaine des éblouissements, à voir les masses d’or et d’argent briller à la lueur des bougies en étincelles éclatantes, et l’on se trouve en présence de hautes caisses de plomb, qui cachent hermétiquement ce qu’elles renferment, ne le laissant soupçonner que par l’étiquette écrite à la main qu’on a collée dessus. C’est l’argent qui est là, monnayé et enfermé dans de grands sacs qui tous, invariablement, contiennent 10 000 francs. Ceux de nos lecteurs qui, visitant un navire de guerre, sont descendus dans la soute à l’eau, peuvent se faire une idée très-exacte de l’aspect général de ces caves, à cette différence près que les caisses, au lieu d’être en fer boulonné et rivé, sont en plomb. Les sacs d’or, d’une valeur de 10 000 francs aussi, sont gerbés les uns sur les autres, comme des bûches dans un chantier, par larges tas grisâtres, sans caractère et sans originalité. Lorsqu’on les remue un peu vivement, ils rendent un petit son aigrelet qui rappelle le métal.

Les lingots appartenant aux banquiers et aux changeurs, qui les ont déposés à la Banque contre avances, sont symétriquement rangés, et, sauf leur couleur d’un